1. Oui et non : ce ne sont pas des nuages “naturels”, mais c’est bien… de la glace !
Les traînées blanches laissées par les avions s’appellent des traînées de condensation, ou “contrails” (contraction de condensation trails en anglais).
Elles sont composées :
de vapeur d’eau produite par les moteurs,
qui se transforme en minuscules gouttelettes,
puis très vite en cristaux de glace à cause du froid intense en altitude.
Donc :
Ce ne sont pas des nuages “naturels” comme ceux qui se forment seuls dans l’atmosphère,
mais physiquement, c’est la même matière que certains nuages : des gouttelettes d’eau / cristaux de glace en suspension dans l’air.
En ce sens, oui, les avions “fabriquent” des petits nuages artificiels.
2. D’où vient l’eau qui forme ces traînées ?
Les moteurs d’avion brûlent du carburant (kérosène).
La combustion, schématiquement, c’est :
Carburant + oxygène de l’air → dioxyde de carbone (CO₂) + vapeur d’eau + chaleur
Donc, dans les gaz d’échappement du moteur, on trouve :
du CO₂,
de la vapeur d’eau,
d’autres gaz et particules (en plus petite quantité),
à une température très élevée.
Mais l’avion vole généralement vers 8 000 à 12 000 mètres d’altitude, là où l’air est :
très froid (souvent entre −40 °C et −60 °C),
très sec ou parfois très humide,
beaucoup moins dense qu’au sol.
Quand les gaz brûlants se mélangent brutalement à cet air ultra-froid, la vapeur d’eau qu’ils contiennent :
Se refroidit très vite,
Condense en gouttelettes d’eau,
Puis gèle presque instantanément en cristaux de glace.
C’est cette “fumée glacée”, très fine, que tu vois derrière l’avion.
3. Pourquoi voit-on parfois des traînées… et parfois rien du tout ?
Tu as peut-être remarqué qu’un même avion :
laisse une traînée très marquée certains jours,
et aucune trace un autre jour,
ou encore une traînée qui commence, disparaît, puis réapparaît.
Ce n’est pas parce que le pilote décide d’“allumer” ou “éteindre” quelque chose.
C’est simplement que les conditions de l’atmosphère changent.
3.1 Tout dépend des conditions en altitude
Pour qu’une traînée se forme, il faut :
Qu’il fasse assez froid (c’est presque toujours le cas en altitude de croisière).
Que l’air soit suffisamment humide, ou qu’il devienne saturé en vapeur d’eau au contact des gaz chauds.
Si l’air est :
très sec → la vapeur d’eau se dilue sans atteindre la saturation → pas de traînée visible (ou très courte).
suffisamment humide → la condensation est possible → traînée blanche bien visible.
très humide → la traînée peut persister longtemps, et même s’étaler comme un voile nuageux.
3.2 Pourquoi la traînée s’interrompt parfois ?
Tu peux voir une traînée d’avion :
qui commence,
disparaît sur une portion,
puis réapparaît.
Ça signifie que l’avion traverse des zones différentes :
une couche d’air plus humide → traînée bien visible,
une couche plus sèche → pas de traînée,
une nouvelle couche humide → traînée à nouveau visible.
L’atmosphère n’est pas homogène :
elle est faite de couches aux propriétés différentes (température, humidité, vent…).
4. Pourquoi certaines traînées disparaissent vite, et d’autres restent longtemps ?
Tu as sûrement déjà vu :
des traînées d’avion qui se dissipent en quelques minutes,
d’autres qui restent très longtemps,
parfois au point de se déformer et de s’étaler sur une grande partie du ciel.
4.1 Traînées de courte durée
Si l’air en altitude est :
un peu humide, mais pas trop,
ou si le vent disperse rapidement les cristaux de glace,
alors :
la traînée se forme,
les cristaux de glace s’évaporent (sublimation) assez vite,
la traînée disparaît en quelques minutes.
Ce sont des contrails de courte durée, qui indiquent un air plutôt sec.
4.2 Traînées persistantes
Si l’air est très humide en altitude, proche de la saturation :
les cristaux de glace ont du mal à se sublimer,
ils peuvent même grossir en captant la vapeur d’eau environnante,
la traînée reste visible longtemps,
le vent la déforme et l’étire,
elle peut s’étaler en voile nuageux, un peu comme un cirrus artificiel.
Dans ce cas, les traînées peuvent contribuer à augmenter la couverture nuageuse de haute altitude.
Parfois, après une journée avec beaucoup de trafic aérien, le ciel est rempli de traînées étalées, donnant une impression de voile nuageux artificiel.
5. À quoi ressemblent ces “nuages d’avion” par rapport aux vrais nuages ?
Physiquement, une traînée d’avion persistante se comporte un peu comme un nuage de haute altitude, principalement fait de cristaux de glace.
Elle ressemble beaucoup à certains cirrus, mais :
en début de formation, la traînée est souvent très fine, bien linéaire,
puis elle se déforme avec le vent, devient plus floue,
finit par se confondre avec d’autres voiles nuageux.
La différence principale :
Un nuage naturel se forme à partir de mouvements d’air (air qui monte, fronts, relief, etc.).
Une traînée d’avion est déclenchée par la combustion du carburant, qui injecte de la vapeur d’eau et des particules au bon endroit.
Mais, une fois formée, une traînée persistante suit les mêmes règles générales que les nuages de glace :
elle se laisse porter par le vent, se mélange à l’air, se dissipe, parfois se renforce si les conditions le permettent.
6. Et les fameuses théories de “chemtrails” ?
On entend parfois des gens dire que :
“Les traînées d’avions seraient des épandages massifs de produits chimiques” (chemtrails).
Dans l’état actuel des connaissances et des preuves disponibles, ce que montrent les observations physiques, les analyses et l’explication scientifique est très clair :
Les traînées visibles sont parfaitement expliquées par la condensation de vapeur d’eau issue des moteurs, dans des conditions de froid intense et d’humidité en altitude.
Ce phénomène est connu, étudié et observé depuis le début de l’aviation à haute altitude, bien avant internet et les réseaux sociaux.
Des mesures in situ (sondes, avions de recherche, satellites…) montrent que la composition de ces traînées est conforme à ce que l’on attend de glace + produits classiques de combustion, pas de dépôts mystérieux.
Est-ce que l’aviation a un impact sur l’atmosphère ?
Oui, bien sûr :
par les gaz à effet de serre émis,
par les traînées persistantes qui modifient légèrement le bilan radiatif (elles peuvent piéger un peu de chaleur la nuit, par exemple).
Mais ça n’a rien à voir avec une volonté d’“épandage” massif secret.
C’est un effet secondaire réel de l’aviation, étudié sérieusement par les climatologues.
7. Les traînées d’avion ont-elles un effet sur le climat ?
Même si ce n’est pas ta question principale, c’est souvent une curiosité qui vient juste après.
Les traînées :
réfléchissent une partie du rayonnement solaire (un peu comme des cirrus),
mais aussi une partie du rayonnement infrarouge émis par la Terre (effet “couverture”).
Globalement :
l’effet exact est complexe,
mais on considère que les traînées persistantes et les cirrus artificiels ont tendance à avoir un léger effet réchauffant à l’échelle globale, même s’il est nettement plus faible que celui du CO₂.
C’est une des raisons pour lesquelles on s’intéresse à l’aviation dans le cadre du changement climatique.
8. En résumé
Pour répondre clairement à “Les avions laissent-ils des ‘nuages’ derrière eux ? Qu’est-ce que c’est ?” :
Oui, les avions laissent souvent des traînées de condensation derrière eux, qu’on appelle contrails.
Ces traînées sont constituées de vapeur d’eau produite par les moteurs, qui se condense puis gèle dans l’air très froid en altitude → formation de cristaux de glace, comme dans certains nuages.
Elles sont visibles si l’air en altitude est suffisamment humide ; sinon, elles se forment peu ou pas.
Elles peuvent :
disparaître rapidement (air plutôt sec),
ou persister longtemps et s’étaler, formant des voiles nuageux ressemblant à des cirrus.
Ce ne sont pas des nuages “naturels” au sens strict, puisqu’ils sont déclenchés par l’activité humaine, mais physiquement, ce sont bien des nuages de glace.
Les explications scientifiques des traînées d’avion sont parfaitement cohérentes avec la physique de l’atmosphère ; il n’y a pas besoin d’invoquer des “chemtrails” pour les comprendre.
En bref :
Les avions dessinent dans le ciel de véritables “nuages artificiels” de glace, dont la présence (ou l’absence) nous renseigne aussi sur l’état de l’atmosphère en altitude.