1. L’îlot de chaleur urbain : c’est quoi exactement ?
Un îlot de chaleur urbain, c’est le fait que :
La température de l’air est généralement plus élevée en ville qu’à la campagne environnante, surtout en fin de journée et la nuit.
Cet écart peut être de quelques degrés, parfois même 10 °C ou plus dans certaines grandes métropoles lors de fortes chaleurs.
Ce n’est pas juste une impression :
les matériaux,
la forme de la ville,
le manque de végétation,
et les activités humaines
contribuent tous à rendre les villes plus chaudes.
2. Les matériaux urbains : des “radiateurs” en plein air
La première grande différence entre ville et campagne, c’est ce qui recouvre le sol.
2.1 En ville : béton, bitume, briques
Les villes sont faites de :
bâtiments (béton, brique, verre, métal),
routes et parkings en bitume ou en enrobé sombre,
trottoirs, murs, toitures, etc.
Ces matériaux ont deux caractéristiques importantes :
Ils sont souvent sombres → ils absorbent fortement le rayonnement solaire.
Ils ont une forte capacité à stocker la chaleur → ils accumulent l’énergie la journée et la restituent lentement la nuit.
Résultat :
En journée, ils montent à des températures très élevées (un bitume peut dépasser 50–60 °C en plein soleil).
Cette chaleur est ensuite retransmise à l’air par contact et rayonnement.
2.2 À la campagne : sols naturels et végétation
À la campagne, le sol est souvent :
couvert d’herbe,
de cultures,
de forêts,
de terres plus claires ou humides.
Ces surfaces :
absorbent en partie le rayonnement solaire,
mais en utilisent aussi une grosse part pour évaporer l’eau (dans le sol, la végétation…).
Elles chauffent donc moins et restituent moins de chaleur à l’air.
D’où une température de l’air généralement plus basse qu’en ville à conditions météo similaires.
3. Le rôle de la végétation et de l’eau : climatisation naturelle
La végétation et l’eau jouent un rôle clé dans les différences de température.
3.1 À la campagne : évapotranspiration = refroidissement
Les plantes “transpirent” via un phénomène appelé évapotranspiration :
Elles absorbent de l’eau par les racines,
la rejettent en partie sous forme de vapeur par les feuilles.
Cette évaporation demande de l’énergie, qui est prise à la chaleur de l’air et du sol.
Résultat : cela rafraîchit l’ambiance, un peu comme quand tu as la peau mouillée qui s’évapore au vent.
Plus il y a :
de champs,
de forêts,
de prairies,
de zones humides,
plus ce phénomène contribue à limiter la hausse des températures.
3.2 En ville : peu de végétation, peu de rafraîchissement
Les villes sont souvent :
très minéralisées (béton, pierre, asphalte),
avec peu d’arbres, peu de parcs par rapport à l’ensemble de la surface,
et beaucoup de surfaces imperméables (l’eau ruisselle plutôt que de s’infiltrer).
Moins de végétation =
→ moins d’évaporation =
→ moins de refroidissement naturel.
C’est comme si on retirait les “climatiseurs naturels” du paysage.
3.3 L’eau : un régulateur thermique
En campagne, on trouve aussi :
des rivières,
des étangs,
des zones humides.
L’eau a une grande inertie thermique : elle se réchauffe et se refroidit lentement, ce qui lisse les variations de température.
En ville, l’eau est souvent canalisée, enterrée, évacuée rapidement →
son effet régulateur est beaucoup moins présent.
4. Les bâtiments et rues : des pièges à chaleur
La forme de la ville joue, elle aussi, un rôle important.
4.1 Le “canyon urbain”
Les rues bordées de bâtiments hauts créent ce qu’on appelle un “canyon urbain” :
Le Soleil peut pénétrer dans ces “canyons”,
les façades et la chaussée absorbent l’énergie,
la chaleur se retrouve piégée entre les murs.
La nuit, ces surfaces chaudes :
rayonnent de la chaleur vers l’air ambiant,
et vers les façades voisines qui la renvoient à leur tour.
Il y a donc moins de refroidissement qu’en espace ouvert de campagne, où le sol rayonne directement vers le ciel.
4.2 Moins de ventilation
Les bâtiments peuvent aussi modifier le vent :
Dans certaines rues, l’air circule mal,
dans d’autres, il est accéléré mais sans forcément évacuer efficacement la chaleur stockée par les matériaux.
À la campagne, l’air circule plus librement, ce qui aide à homogénéiser la température et à évacuer une partie de la chaleur accumulée.
5. La chaleur produite par les activités humaines
À la différence de la campagne, la ville produit énormément de chaleur artificielle, dite anthropique.
5.1 Transports, chauffage, climatisation
En ville, on trouve :
voitures, bus, camions, deux-roues,
systèmes de chauffage en hiver,
systèmes de climatisation en été,
industries, commerces, bureaux, etc.
Tous ces systèmes :
consomment de l’énergie (carburant, électricité…),
et rejettent une partie de cette énergie sous forme de chaleur dans l’air extérieur.
Par exemple :
Une climatisation refroidit l’intérieur d’un bâtiment,
mais rejette la chaleur vers l’extérieur via son unité extérieure.
À grande échelle, cela contribue à réchauffer l’air de la rue, surtout en période de forte chaleur.
5.2 Concentration des activités
En ville, tout est concentré :
densité de population élevée,
forte concentration de véhicules,
nombreux bâtiments avec systèmes énergétiques.
Cette chaleur additionnelle n’existe quasiment pas ou très peu à la campagne, où les surfaces artificialisées et les activités intenses sont beaucoup moins présentes.
6. Pourquoi l’écart ville/campagne est souvent plus fort la nuit
Un point intéressant : l’écart de température entre ville et campagne est souvent plus marqué la nuit que le jour.
6.1 La journée
En journée, le Soleil chauffe tout le monde : ville et campagne.
La ville se réchauffe plus vite,
mais la campagne reçoit aussi beaucoup d’énergie.
L’écart existe déjà, mais il peut parfois être modéré (quelques degrés).
6.2 La nuit : la campagne se refroidit beaucoup plus
La nuit :
La campagne perd rapidement la chaleur accumulée → le sol naturel rayonne vers le ciel, l’air se refroidit, l’humidité peut augmenter (brouillard, rosée…).
La ville, elle, continue de libérer lentement la chaleur stockée dans les bâtiments, routes, murs…
Additionné à cela :
la chaleur produite par les activités humaines,
le piégeage du rayonnement entre les bâtiments.
Résultat :
Il peut faire doucement frais ou même froid en campagne, alors qu’en ville, la température reste nettement plus élevée, surtout en été.
C’est pour cela que certaines nuits de canicule sont particulièrement pénibles en milieu urbain.
7. En résumé
Pour répondre simplement à “Pourquoi la température est-elle différente en ville et à la campagne ?” :
En ville, on trouve beaucoup de surfaces minérales sombres (béton, bitume, briques) qui absorbent et stockent la chaleur, puis la restituent à l’air, surtout la nuit.
Il y a moins de végétation et d’eau, donc moins de rafraîchissement naturel par évaporation et ombrage.
La forme urbaine (bâtiments, rues étroites) piège la chaleur et limite le refroidissement nocturne.
Les activités humaines (trafic, chauffage, climatisation, industrie) rajoutent de la chaleur dans l’air.
À la campagne, les sols naturels, la végétation, l’eau et la meilleure circulation de l’air permettent une température de l’air plus basse et un meilleur refroidissement nocturne.
C’est l’ensemble de ces facteurs qui explique le phénomène d’îlot de chaleur urbain, responsable des différences souvent marquées de température entre ville et campagne.