1. Comment la pluie nettoie l’air : un immense “lavage” atmosphérique
L’atmosphère n’est jamais vraiment vide : elle contient des particules (poussières, suies, pollen, sel marin, microplastiques…) et des gaz (dont certains polluants).
La pluie agit comme un lavage naturel grâce à deux mécanismes principaux.
1.1 Les gouttes de pluie “attrapent” les particules
Quand un nuage se forme, puis lorsqu’il pleut, les gouttes peuvent :
Se former à partir de particules
Les gouttes de nuage se forment autour de noyaux de condensation :
poussières, grains de sel, particules de pollution.Au départ déjà, une partie des particules est donc intégrée dans les gouttes.
“Balayer” les particules en tombant
En traversant l’atmosphère, les gouttes de pluie entrent en collision avec :
poussières,
fumées,
pollens,
aérosols divers.
Ces particules se collent à la goutte ou sont entraînées avec elle.
Résultat : elles quittent l’air pour tomber au sol.
On appelle ça le lessivage de l’atmosphère (“rain-out” quand ça se passe dans le nuage, “wash-out” en dessous en tombant).
Concrètement, après une bonne pluie :
la quantité de poussières dans l’air diminue,
les particules fines (surtout les plus grosses) sont en partie éliminées,
l’air peut être plus agréable à respirer, surtout pour les personnes sensibles (asthme, allergies aux pollens, etc.).
1.2 La pluie fait aussi baisser certains polluants gazeux
Certaines molécules de gaz sont solubles dans l’eau, au moins en partie. Quand il pleut :
ces gaz peuvent se dissoudre dans les gouttes,
être emportés vers le sol avec la pluie.
C’est le cas, par exemple, de :
le dioxyde de soufre (SO₂),
une partie des oxydes d’azote (NO₂, etc.),
l’ammoniac (NH₃),
certains composés organiques.
Là encore, la pluie enlève ces polluants de l’air…
Mais tu vas le voir, ce n’est pas toujours une bonne nouvelle pour l’environnement au sol.
2. Pourquoi l’air paraît souvent plus “pur” après la pluie ?
Juste après une averse ou un bon épisode pluvieux, on ressent souvent :
une visibilité meilleure (on voit plus loin, les reliefs paraissent plus nets),
une sensation de fraîcheur,
moins de poussière en suspension,
parfois un parfum particulier (le fameux “odeur de pluie”, le pétrichor).
Ce ressenti s’explique par :
la chute des particules en suspension,
la “chute” d’une partie des pollens,
la baisse de certains polluants qui irritent les voies respiratoires,
la réduction de l’ozone troposphérique (souvent plus faible par temps pluvieux que par forte chaleur en plein soleil).
Attention toutefois :
ce nettoyage est surtout efficace dans les couches basses de l’atmosphère et… pas définitif. Dès que les émissions reprennent (trafic, chauffage, industries), la pollution peut remonter assez vite.
3. Les limites du “nettoyage” par la pluie
La pluie n’est pas une gomme magique. Elle a plusieurs limites :
3.1 Toutes les particules ne sont pas éliminées de la même façon
Les grosses particules (poussières, grains de sable, grosses gouttes polluées) sont facilement capturées et tombent vite.
Les particules très fines (PM2,5 et moins) peuvent :
être moins facilement “attrapées”,
rester plus longtemps en suspension,
ou être en grande partie liées à des processus chimiques qui continuent après la pluie.
Donc l’air peut être nettoyé partiellement, mais pas totalement.
3.2 Une petite pluie ne vaut pas un grand lessivage
Une courte ondée ou une bruine fine aura un effet limité sur la pollution.
Un long épisode de pluie modérée à forte nettoie beaucoup plus l’atmosphère.
C’est pour ça que, parfois, après une petite averse d’été, tu peux ressentir l’air toujours lourd et étouffant, surtout en ville.
3.3 L’effet ne dure pas dans les zones très polluées
En ville ou en zone industrielle :
le trafic routier,
le chauffage (en saison),
les activités industrielles,
remettent rapidement des polluants dans l’air après la pluie.
Le “répit” peut être de courte durée si les sources d’émissions sont constantes et intenses.
4. Comment la pluie peut-elle aussi… “polluer” (ou plutôt déplacer la pollution) ?
En réalité, la pluie nettoie l’air, mais elle ne fait pas disparaître la pollution : elle la déplace vers le sol, les végétaux, l’eau.
Et dans certaines conditions, cela peut avoir des effets négatifs.
4.1 La pluie acide : l’air est nettoyé, mais les sols et l’eau en payent le prix
Quand l’air est chargé de :
SO₂ (dioxyde de soufre) issu des combustions (charbon, fioul, certaines industries),
NOx (oxydes d’azote) venant des véhicules, usines, centrales…
ces gaz peuvent :
se transformer dans l’atmosphère en acides (acide sulfurique, acide nitrique),
se dissoudre dans les gouttes de pluie,
tomber au sol sous forme de pluie acide.
Résultat :
l’air se débarrasse de ces polluants,
mais les sols, les lacs, les forêts, les matériaux (pierres, monuments) subissent :
acidification,
dégâts sur la végétation,
corrosion,
perturbations des milieux aquatiques.
Donc la pluie a bien “nettoyé” l’atmosphère… mais au prix d’une pollution chimique de l’environnement.
4.2 Les pluies “sales” : sable, fumées, poussières
Tu as peut-être déjà vu :
des pluies qui laissent une fine couche de poussière sur les voitures,
de la pluie brunâtre après un épisode de sable du Sahara,
parfois même des dépôts sombres après des incendies ou des épisodes de pollution.
Dans ces cas :
les gouttes ont capturé beaucoup de poussières, de particules de fumées, de cendres,
l’air, lui, est plus propre après,
mais la pluie laisse visuellement une impression “sale”, notamment sur les surfaces.
On a donc un air nettoyé, mais une pluie qui transporte visiblement la pollution vers le sol.
4.3 Après la pluie : évaporation et remontée de certains polluants
Une fois au sol, l’eau de pluie :
ruisselle, s’infiltre…
mais elle peut aussi stagner dans des flaques, sur des surfaces urbaines, dans des zones polluées.
Si cette eau contient des substances volatiles (certains solvants, hydrocarbures, composés organiques), alors :
lors de l’évaporation après la pluie (surtout quand le Soleil revient et chauffe le sol),
une partie de ces composés peut repartir dans l’air.
La pluie a donc déplacé la pollution de l’air vers l’eau, puis une fraction peut remonter sous forme de gaz.
5. La pluie peut aussi changer la perception de la pollution de l’air
Parfois, ce n’est pas tant que la pluie pollue l’air, mais qu’elle modifie notre ressenti :
L’humidité augmente → certaines odeurs deviennent plus fortes (terre, moisissures, pollution urbaine, odeur de carburant, etc.).
Les surfaces mouillées peuvent évacuer ou concentrer certains polluants odorants.
Après une pluie en ville, on peut sentir davantage :
les échappements,
les remontées d’égouts,
les odeurs de sols ou de matériaux imbibés.
L’air peut être objectivement un peu plus propre en particules, mais subjectivement paraître plus “chargé en odeurs”, donc “moins sain”.
6. Au final : amie ou ennemie, cette pluie ?
Si on résume :
La pluie nettoie l’air…
En capturant les particules (poussières, fumées, pollen…).
En dissolvant certains gaz polluants.
En réduisant la concentration de particules et souvent de certains oxydants (comme l’ozone) après un bon épisode pluvieux.
Elle offre souvent, après coup, une qualité de l’air meilleure, surtout pour les voies respiratoires et les allergies.
… mais elle déplace la pollution ailleurs
Les polluants capturés ne disparaissent pas :
ils se retrouvent dans les sols, les rivières, les lacs, la végétation, les bâtiments.En cas de forte pollution atmosphérique au départ, la pluie peut donner :
de la pluie acide,
des dépôts de poussières, de suies, de particules toxiques,
qui posent problème à l’environnement et indirectement à notre santé.
Et dans certains cas particuliers :
Après évaporation d’eaux polluées, certains composés peuvent revenir dans l’air sous forme gazeuse.
7. En résumé
Pour répondre simplement à “Comment la pluie nettoie-t-elle ou au contraire pollue-t-elle l’air ?” :
La pluie est avant tout un grand nettoyeur atmosphérique :
elle lessive l’air de ses particules et de certains gaz,
après un bon épisode pluvieux, l’air est souvent plus sain à respirer.
Mais elle ne fait que déplacer la pollution :
ce qui quitte l’air se retrouve dans l’eau de pluie, sur les sols, dans les rivières, les plantes, les bâtiments,
en cas de pollution importante, cela peut donner de la pluie acide ou des pluies très chargées en particules.
Dans certains contextes :
la pluie peut entraîner des effets secondaires (évaporation de composés volatils, odeurs, impacts sur les milieux naturels) qui font que, globalement, l’environnement n’est pas forcément “plus sain”, même si l’air l’est temporairement.
En bref :
La pluie est plutôt une alliée pour nettoyer l’air que tu respires,
mais elle rappelle aussi que la pollution ne disparaît jamais par magie : elle change simplement de support.